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Nelly Fimote

La rencontre du manteau et du fauteuil

16 Octobre 2022 , Rédigé par Nelly Fimote Publié dans #100% zéro déchets, #Couture

Il était une fois un manteau d'une très grande marque espagnole. Ce manteau m’attendait dans un immense magasin londonien.

A peine entrée dans le rayon, il m'avait tapée dans l'œil. Que dis-je ? Tapée dans l'œil n'est pas le terme exact. Il m'avait frappée, cognée, uppercutée !

C'était en 2009, nous rendions visite à mon fils, celui-ci venait de s'installer dans la capitale britannique. Cela faisait quatre mois que je me morfondais dans un blues post natal décalé de dix-neuf ans. On appelle cela le syndrome du nid vide. Bref, ce n'est pas le sujet. Mais c’est un passage de ma vie qui n’a pas été facile à vivre, il faut le souligner. Ma rencontre avec ce manteau devait faire partie d’un long processus de réconciliation avec moi-même.  Il était là, devant moi, sur moi, contre moi, sur moi de nouveau… J’ai tourné, viré, tergiversé avec moi-même car je le trouvais plutôt cher mais il m’allait si bien, il était tellement original. Je l’ai donc acheté ce jour-là, à Londres, mon manteau espagnol. Je l’ai porté avec fière allure pendant près de dix ans.

Et puis, petit à petit, je me suis surprise à ne plus pouvoir remonter la fermeture éclair. Mon beau manteau, en très bon état, me convenait toujours au demeurant mais il avait décidé de bouder mon corps. Un peu fâchée contre lui, contre moi, contre nous, je ne me souviens plus très bien, j’ai fait acte de mauvaise foi et l'ai pendu au placard, un an, puis deux, puis, plus encore. Impossible de m'en séparer pour autant. Je l'ai proposé à ma fille, elle n'en voulait pas, lui qui l'avait accompagnée au lycée, à la danse, en ville, partout au gré des saisons Alors voilà, il était toujours dans le dressing, à me narguer d'une voix douce « on ne sait jamais… »

 

Il y a environ deux semaines, mon époux et moi, sommes allés dans une ressourcerie. A peine entrés, nous avons fait la rencontre d’un beau fauteuil de rotin. Celui-ci nous attendait d’un air de ne pas y penser. Il a croisé nos quatre yeux totalement ébaubis, il était en excellent état. Le prix affiché nous a donné l'estocade, trente-cinq euros ! Il nous le fallait.

Arrivée à la maison, notre acquisition inattendue a pris place au salon. Un linge posé sur le coussin défraîchi, le beau fauteuil en rotin attendait des jours meilleurs, les jours où je trouverai l’envie de coudre le tissu qui pourrait lui être destiné.

Et puis, vint le moment opportun, une idée folle me traversa l'esprit, utiliser un tissu qui me tient à cœur depuis tant d’années. Pourquoi ne pas découdre mon manteau taquin et récupérer son beau tissu, plus particulièrement le velours vert et sa rose rouge brodée ? Cela me paraissait complexe mais réalisable.

Le premier coup de ciseau a été mûrement réfléchi. Il a été cruel, effroyable car je ne savais pas trop où mon idée loufoque allait me mener. Un premier positionnement du tissu sur le coussin me rassurait. Et puis, l'après-midi faisant, je coupais, ajustais, épinglais, cousais chaque bout de tissu pour arriver enfin à cette réalisation. 

Notre fauteuil au coussin Desigual.

Nelly Fimote

 

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